Histoire et Patrimoine

Le patrimoine chevancelais est relativement modeste. Le positionnement sur l’axe Bordeaux-Paris a, certes, assuré son développement, mais aussi sa configuration de village-rue et de fréquentes réhabilitations d’édifices qui ont perdu leur caractère. Il compte surtout aujourd’hui son église, le château de Chaux et ce qu’on range généralement sous le nom de “petit patrimoine”. On y ajoutera un tableau et un trésor… même s’ils ont quitté notre localité…

Origines

D’après des travaux anciens du Dr Charles Vigen il semblerait que le cartulaire de Saint Etienne de Baignes, (rappelons qu’avant la naissance des départements, au début de la Révolution, l’église, la paroisse avec la Seigneurie de Chaux faisaient partie du petit Angoumois), évoquait la paroisse de Chevanceaux sous la dénomination de Parochia de Santi Petri de Calvenciaro. Elle fut donnée vers 1086 à l’abbaye de Baignes, par Renaud évêques de Saintes.

En 1121, avec l’évolution linguistique elle devient Ecclisia Santi Petri de Chauvenzas.

Entre 1133 et 1141, Itier est appelé prêtre de Calvencas. Ramnulfe Aicius donne un domaine dont la moitié est Auchai et l’autre est Achavenças, tenue par Texier. Avvierna et ses deux fils font don de cinq quartiers de vigne “ in villa Calvincianum” (possession de Calvinus ou Calvinius. Les romains ,en effet, se firent construire de nombreuses “villas” pendant leur “séjour” en Saintonge). En 1460, la paroisse se nomme Chouvenceaux.

Enfin, beaucoup plus tard nous arrivons à Chevanceau et enfin à l’orthographe actuelle : Chevanceaux.

L’ouvrage de J.M Cassagne et S. Seguin propose une origine légèrement différente. L’appellation serait héritée de l’ancien français chevance, mot qui désignait au Moyen Age un bien foncier. Pour d’autres étymologistes Chevanceaux serait une ancienne capanna (hutte, en bas latin).

La localité a changé de nom à la fin du XVIIIème : elle s’appelait autrefois Saint-Pierre-de-Chaux (du nom de son château) devenu Chaux par décision de la Convention en 1794.

* Cartulaire : recueil de chartes contenant la transcription des titres de propriété et privilèges temporels d’une église ou d’un monastère.

L’église

L’église Saint-Pierre de Chevanceaux fut construite à l’époque romane, au XIème siècle et subit quelques modifications au début du gothique.

En 1896, grâce à la générosité de Mlle Marie Fillion, elle fut restaurée et agrandie de trois mètres vers l’ouest. Les crépis, intérieur et extérieur, ainsi que le carrelage furent refaits.
La couverture fut aussi changée et des gouttières et tuyaux de descente en cuivre, posés.

On consolida les contreforts et la base des murs par un béton et un pavage. Une grille en fer plein entoura le tout (La demoiselle supportait mal que les hommes, nombreux les jours de marché, viennent se soulager sur les bases de ce saint lieu!).

Enfin, on construisit la sacristie et la facture atteignit, croit-on savoir , la somme de 75 000 frans (or, bien entendu!)

Au début des années soixante des modifications intérieures furent apportées et l’électricité mise aux normes de l’époque._ Tout à fait récemment – caprices des temps ou désir d’authenticité – elle a un peu retrouvé son état antérieur avec la disparition des grilles (mais il n’y a plus de marchés!) et de la sacristie! Ceci s’ajoutant à la rénovation de la toiture, des peintures et à l’installation d’un chauffage décent.

On y trouve un très beau lutrin en bois, offert début XXème , par la famille de Lestranges et une “niche” sécurisée y abrite une croix processionnelle du XIXème, inscrite à l’I.S.

Le Château de Chaux

Ce château, construit sur les bords du petit Lary, à la limite des communes de Chevanceaux et de Saint Palais de Négrignac, a tenu une grande place dans l’histoire locale.

Le château passa dans la maison de Sainte Maure en 1323 par le mariage de Marguerite,fille de Foulque, Seigneur de Montauzier avec Guy de Sainte Maure, Haut Baron de Touraine venu faire la guerre aux anglais de 1327 à 1337.

En 1500, Philippe est le premier à porter le titre de Seigneur de Chaux.

En 1553, les domaines de la seignerie de Chaux s’étendent sur les paroisses de Chevanceaux, Bors, Montendret, Venet, Pouillac, Sainte Colombe, Chantillac, Saint Palais et Chatenet soit environ 12000 hectares.

En 1623, à la mort d’Alain de Sainte Maure, la terre de Chaux fut saisie à la requête du Seigneur de Touvérac.

François de Jussac d’Ambleville, Seigneur de Saint Preuil, la racheta en 1625. C’est à lui que l’on doit l’aspect actuel du château. Il semble que la structure ait été largement conservée en respectant murs, fondations, douves, tours et la galerie fin XVIème mais le percement des fenêtres, les cheminées, la chapelle et le pont levis datent de cette époque.

Si ce “brave Saint-Preuil” fut une bénédiction pour le château, sa fin fut plus délicate! En effet, pour avoir déplu au marquis de La Meilleraye et par vengeance du cardinal de Richelieu, il fut condamné et décapité le jour même (9 novembre 1641) dans la citadelle d’Amiens où, détail macabre mais savoureux, sa maîtresse, une vivandière fort jolie, dit-on (une Du Ryer), qui lui était très attachée, reçut sa tête dans son tablier! et lui fit faire un magnifique service. Le dernier des Saint Maure, Louis Marie, mourut en 1763 après avoir fait combler les douves et conçu le parc.

C’est au XIXème siècle que le Marquis de Lestrange créa l’ensemble des bâtiments d’exploitation et développa un vignoble de plus de cent hectares. A sa mort, en 1885 la propriété fut mise en vente et rachetée par le Comte de Treville, arrière grand-père de M. Emmanuel Benoît du Rey.

Le Petit Patrimoine

Le Moulin de Barry

C’est une bâtiment emblématique de Chevanceaux. En effet, ce Moulin à vent, situé entre bourg et déviation, est probablement la première image que l’on découvre en quittant la nationale 10 par la sortie sud.
 Après avoir subi l’usure du temps et l’utilisation détournée des forces d’occupation, il a été réhabilité avec bonheur par son actuel propriétaire, M. Barillot, et si aujourd’hui ses ailes ne tournent plus, il est du moins là, en sentinelle, rappelant l’époque où les moulins à vent fleurissaient en Saintonge.

Les puits

Témoins, eux-aussi, d’un passé pas si lointain, ils sont encore une centaine sur le territoire chevancelais. La municipalité s’emploie à préserver ce bien commun lors des travaux d’aménagement du bourg. Trois d’entre-eux connaissent ainsi une seconde jeunesse. Mais vous pourrez en découvrir de singuliers au détour de promenades dans le centre ou dans les villages de la commune.

Les lavoirs

“Bonjour les commères, ici on lave le linge et on salit le monde…” Cet ancien graffiti sur les murs d’un lavoir de Côte d’Or, contient probablement une “petite”part de vérité! Il en reste 3 sur la commune dans des états divers. Le plus remarquable est celui du Gaborand , restauré il y a peu, mais celui de chez Pin est encore “dans son jus” niché dans un cadre bucolique.

Et pour quelques Trésors de plus !!!

Le trésor de Chevanceaux

C’est dans les réserves du Cabinet des Médailles de Poitiers qu’il peut s’admirer… mais c’est à Chevanceaux, en juin 1955, que Pierre Ravail le découvrit en travaillant dans un champ, au lieu-dit “La Ville”.

Il s’agit bien d’un trésor de plus d’une centaine de “statères” (c’est ainsi qu’on nomme ces pièces de monnaies) d’origine gauloise en or allié, c’est à dire de l’or mélangé à de l’argent et du cuivre.

Ces monnaies, d’une teneur en or constant d’un tiers de leur poids, peuvent être attribuées aux Pictons et aux Santons et datent de la première moitié du premier siècle avant J.C., juste avant la guerre de Jules César.

Un fascicule, très complet, consacré à ce Trésor a été édité.

Le tableau “Hôtel de l’Union” de Maurice Utrillo

Hélas cette huile sur toile, représentant le café du village actuel, ne se trouve pas à Chevanceaux. Elle est aujourd’hui en possession d’un collectionneur privé. Maurice Utrillo, peintre Montmartrois , qui fit carrière des années 20 jusqu’à sa mort en 1955, peignit cette toile en avril 1937, probablement lorsque son mariage en l’église St Ausone d’Angoulême l’amena à vivre en Charente durant deux années.

Le tableau fut adjugé à environ 120 000 euros lors d’une vente en 1987… autant dire qu’il n’ornera pas de sitôt un mur de notre localité !

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